Joan, 26 ans, est professeur des écoles à Suresnes (92) en quatre-quarts temps au sein d'écoles maternelle et élémentaire.
Je travaille dans trois écoles différentes, toutes situées dans la même commune, et j'enseigne à quatre classes - une grande section, deux CE2, un CM1 ce qui représente au total 126 enfants. Le lundi, je suis avec les CE2, le mardi avec les CM1, le jeudi avec les autres CE2 et le vendredi avec la grande section. Je remplace quatre maîtresses et un maître : une travaille à 80%, les trois autres à 75%. Nous nous sommes répartis les matières à enseigner. Je m'occupe en particulier du vocabulaire, de la conjugaison et de la géométrie.
C'était une très mauvaise nouvelle. Après le concours de professeur des écoles, j'ai pris en charge à plein temps une classe de maternelle, à cinq minutes de mon domicile. J'ai passé une année formidable. Les rapports avec les enfants, les parents, l'équipe et le directeur étaient excellents et je travaillais avec une Atsem. Comme je ne pouvais pas rester dans cette école l'année suivante, j'ai participé au mouvement des affectations. On m'a annoncé mon nouveau poste fin juillet. Je savais juste que je devais enseigner dans trois écoles différentes mais sans connaître le niveau des classes. Autant dire que j'ai passé un très mauvais mois d'août. Impossible d'appeler les écoles puisqu'elles étaient fermées. Ce n'est que quelques jours avant la rentrée que j'ai su que j'allais me retrouver avec trois classes d'élémentaires. Je ne m'y attendais pas du tout. Heureusement, une enseignante qui avait eu des élèves de CE2 et de CM2 m'a donné ses cours. Cela m'a aidée.
C'est très formateur. Il m'a fait prendre conscience que l'élémentaire, ce n'est pas forcément horrible et que je pouvais m'en sortir. J'apprends à y enseigner. C'est sympa.
C'est très fatigant de jongler entre quatre classes et plusieurs niveaux. D'autre part, comme j'ai un an d'ancienneté en maternelle en grande section, j'avais ma manière de fonctionner et mes repères. Là, comme je travaille en binôme avec une maîtresse, je suis obligée de me plier à sa façon d'enseigner. Ce n'est pas toujours facile.
Oui. Mais j'avoue, comme de nombreux professeurs des écoles, être peu payée pour mon niveau d'études, mon implication et tout le travail de préparation que je fournis en dehors des heures de cours. Je complète d'ailleurs mon salaire par des heures d'études surveillées. Je travaille donc plus pour gagner plus Mais je ne changerais pas de métier pour autant. Je savais parfaitement à quoi m'attendre avant de passer le concours. Enseigner est une vocation, c'est ce que je voulais faire depuis l'âge de 10 ans.
Cela se fait avec le temps. Les premières semaines ont été assez compliquées pour eux comme pour moi. J'avais du mal à me rappeler tous les prénoms. Comme je suis deux fois dans la même école, je croise souvent les élèves. Dans les deux autres écoles en maternelle, ça se passe bien. Les enfants ont eu du mal à comprendre que je n'étais pas une remplaçante, mais bien une deuxième maîtresse. Maintenant il n'y a plus de souci.
Au moment de la prérentrée, j'ai fait quatre réunions de présentation avec les parents. Si leur enfant est en grande section de maternelle, ils me voient tous les vendredis. J'ai une place de référente à leurs yeux. Pour les parents d'enfants en CM1, je suis la deuxième maîtresse. Par contre, je ne vois pas les parents des CE2. Je n'assiste pas aux réunions en cours d'année sauf si on me le demande.
En maternelle, il faut être active à 200%, éveiller les enfants, les faire évoluer, changer d'activité toutes les 20 minutes car leur capacité d'attention est courte. On est beaucoup dans le manuel, les jeux, le sport. Dans la petite et moyenne sections, on apprend aux enfants à devenir des élèves, à se respecter entre eux, à accepter les règles de l'école, à être polis et propres. En grande section, on aborde les sons, ils entrent dans la lecture, dans la cursive à partir de janvier. On est donc très loin de la garderie. En élémentaire, l'ambiance est plus calme, plus théorique aussi, avec des leçons et des exercices d'apprentissage. L'attention des élèves est plus soutenue. La relation est différente, on peut engager des conversations avec eux. On leur apprend à devenir des citoyens.