Vous avez passé deux fois le concours de recrutement des professeurs des écoles, et de ce fait connu deux versions différentes du CRPE.

Oui, j'ai raté l'ancien concours à Bordeaux à la fin de la deuxième année du master MEEF et réussi le nouveau concours à Versailles en 2014. A Bordeaux, dans les épreuves écrites, on trouvait du français avec de l'histoire-géo, et des maths avec des sciences. Je n'ai pas réussi les épreuves d'histoire-géo et de sciences. Dans le nouveau concours CRPE, ces deux épreuves d'admissibilité n'existent plus. Il ne reste plus que le français et les maths, et la didactique. J'ai mieux réussi ces épreuves car j'ai eu l'occasion de faire plusieurs stages dans des écoles pendant mon master, j'ai pu confronter la théorie et la pratique.

 

Pourquoi avoir choisi de repasser le concours dans une académie différente ?

J'étais effrayée par le peu de postes offerts à Bordeaux. Comme j'étais pressée d'entrer dans la vie d'enseignante, il fallait que je change d'académie pour être sûre de pouvoir exercer rapidement mon métier. Je n'ai pas pris le temps de comparer les différentes académies. J'ai choisi Versailles un peu par hasard, peut-être sous l'influence de quelques amis. En 2014, cette académie ouvrait plus de 1000 postes de professeur des écoles.

 

Comment vous êtes-vous préparée au concours ?

Je me suis appuyée sur la préparation au concours intégrée au master, sur des cours du CNED, sur les sujets zéro du nouveau concours. Pour l'épreuve d'admissibilité qui consiste à présenter un dossier pédagogique sur une discipline de son choix (j'avais choisi le domaine « Education musicale » et travaillé sur les Beatles en CM2), des amis m'ont fait passer des oraux blancs. Cela m'a beaucoup aidée.

 

Avez-vous rencontré certaines difficultés lors des épreuves ?

Il a fallu que je fasse très attention au temps des épreuves écrites : 4h en français et 4h en maths. Cela passe très vite. Il faut bien savoir gérer son temps, bien maîtriser son sujet. Par ailleurs, j'avoue avoir eu du mal avec deux épreuves orales : celle qui consiste à tester vos connaissances sur le statut et les responsabilités d'un fonctionnaire, et celle sur l'enseignement de l'éducation physique et sportive (EPS), je suis tombée sur les parcours athlétiques des enfants. J'avais dû me préparer seule à ces épreuves car elles n'étaient pas abordées dans le master puisque le concours était nouveau. J'étais plutôt paniquée. Le stress m'a fait perdre mes moyens et oublier certaines notions. Heureusement, l'épreuve orale sur le dossier pédagogique s'est mieux passée.

 

En quoi consiste la formation en alternance proposée pendant les deux années en master ?

Pendant ma première année, j'ai fait deux stages dans une classe de CP en binôme avec un autre étudiant du master : une semaine d'observation et une semaine de pratique accompagnée c'est-à-dire en présence de l'enseignant titulaire. En deuxième année, en décembre, j'ai fait trois semaines de pratique accompagnée en CP, puis en février, une semaine d'observation et deux semaines en responsabilité, donc toute seule dans une classe de CE2-CM1. C'est très formateur de pratiquer en classe. C'est important. Dommage qu'il n'y ait pas plus de stages... 

 

Cette formation en alternance se poursuit après le concours. Comment se concrétise-t-elle pour vous ?

Depuis septembre 2014 et pendant toute l'année scolaire, je suis professeur-stagiaire. Je travaille à mi-temps. Je suis responsable d'une classe de CM1-CM2 le lundi, mardi et mercredi, une semaine sur deux. Pendant les cours, je suis suivie à tour de rôle par deux tuteurs. Ils me conseillent et m'évaluent, ce sont eux qui décideront de ma titularisation à la fin de l'année. Je complète mon autre mi-temps par des jours d'observation dans différentes écoles, et depuis février 2015, par des heures de formation à l'ESPE sur la polyvalence c'est-à-dire le lien entre les disciplines. Cette organisation est spécifique aux lauréats qui comme moi ont déjà validé leur master il y a deux ans. Aujourd'hui, les candidats passent le concours en fin de M1. Et ceux qui sont en M2 doivent suivre les cours à l'ESPE, préparer leur mémoire et gérer leur classe. Ce qui doit être assez compliqu酠

 

Quels bénéfices retirez-vous de cette alternance ?

Elle me procure beaucoup de pistes pour préparer les cours de ma classe. En suivant les formations à l'ESPE, en multipliant ma présence dans différentes classes et en voyant les pratiques d'autres instituteurs, j'affine mes propres techniques d'enseignement. Cela m'a aussi permis de voir que je n'avais pas de préférence entre les niveaux, ni entre la maternelle et l'élémentaire.

 

Vous conforte-t-elle aussi dans le choix de ce métier ?

Oui. J'ai toujours voulu être enseignante, transmettre des savoirs, être en contact avec des enfants. J'ai la chance aujourd'hui d'enseigner dans une classe où les élèves travaillent bien, avec une équipe d'enseignants qui me soutient et est de bon conseil. J'aime mes élèves, l'ambiance, leur envie d'apprendre. C'est valorisant. Je sais que je suis à ma place.

 

Comment s'annonce votre avenir après la titularisation ?

Je vais devoir faire des vœux de secteur ou de niveau. Dans l'idéal, j'aimerais rester dans le même secteur. Pour le niveau, je n'ai pas de préférence. Une fois que je connaitrai mon affectation, je chercherai un appartement près de l'école. Ce sera sans doute un peu plus délicat sur le plan financier, contrairement à aujourd'hui où j'ai le privilège d'être hébergée chez mon oncle et ma tante.